Je pratique la sculpture car elle occupe la troisième dimension comme notre corps ; je crois que cette particularité lui donne le pouvoir de nous interpeller physiquement et de sentir sa présence. J’exploite ce pouvoir propre à la sculpture dans mes œuvres en jouant entre autres avec le rapport d’échelle ; l’œuvre est tantôt gigantesque et confronte le spectateur, et, à d’autres moments, elle est une accumulation de miniatures qui l’interpelle en infiltrant son imaginaire plus sournoisement. J’utilise les états des matières et matériaux, leurs caractéristiques, leurs possibilités et leurs limites et je soumets ceux-ci à différents procédés pour construire des formes. Ces formes, absraites ou figuratives, solides ou molles, d’aspect construit ou déconstruit, etc. évoquent, par analogie, notre rapport au monde.
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Dans ma pratique en art actuel je tente de créer un univers où la peau ne serait plus une cloison étanche entre le monde et soi. L’hypothèse à la base de ma démarche est que si notre identité se définit à travers les relations qu’on entretient avec les autres et avec notre environnement, par conséquent, créer des objets qui donnent à voir ces liens, serait créer une voie d’accès à l’identité d’une personne. J’utilise la sculpture comme une rupture dans l’uniformité du quotidien, et comme élément servant à déclencher un questionnement profond sur l’identité, sur les codes régissant les relations entre les gens et sur notre rapport à l’autre et à notre environnement. La sculpture est employée comme un miroir qui déforme, qui amplifie la réalité ou qui donne à voir ce qu’on ne voit pas et ce, afin de faire jaillir un sens du quotidien et d’en permettre une relecture. L’emploi du blanc est une constante dans mon travail elle permet de laisser la place à ce qui est propre à la sculpture et à sa matérialité pour faire sens.